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Vous avez imaginé avec et pour les habitants un projet pour améliorer la vie de la cité, des séances de travail ont permis d’en préciser les contours, la faisabilité a été étudiée, le budget est réservé, une entreprise, où l’équipe de techniciens de votre collectivité locale, est prête pour démarrer.
Le plus dur a été fait, peut-on souvent penser. Pour les citoyens, tout ce travail en interne est souvent invisible.
Pour eux, le plus important va commencer : quel est le projet finalement retenu, quand va-t-il être réalisé, quels en sont les effets attendus, et finalement constatés ? Au total, pour répondre aux attentes des citoyens, vous souhaitez pouvoir en rendre compte. Et, sauf à considérer que vous êtes le/la seul maître à bord, vous serez amené à penser à l’évaluation de votre projet.
Nous prendrons pour exemple le projet de construction autour d’une ville ou d’un village d’une rocade de contournement.
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Plusieurs éléments d’une évaluation doivent être précisés le plus tôt possible, en amont du démarrage du projet :
quel est l’objet du projet (dans notre exemple il s’agit de construire une rocade), quels en sont les objectifs (désengorger le trafic routier du centre-ville, faire baisser le niveau de pollution),
avec quels moyens (principalement le budget et les ressources internes)
selon quel calendrier ?
Quand le projet démarre, il est souvent trop tard, parce que vous serez pris dans la charge et les urgences de sa réalisation.
Vous vous exposez alors à l’effet désastreux d’une promesse non tenue, ou d’un effet tunnel qui envoie aux « calendes grecques » la réalisation du projet, ou sa transformation en cours de route, voire même à une invisibilité du résultat obtenu parce que l’on ne saura pas le mesurer, bref à l’habituel « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » et distille la défiance entre élus et citoyens. Au total un beau projet qui peut avoir des effets négatifs sur votre crédit d’élu.
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Les briques de base du projet ont été posées : l’objet, l’objectif, les moyens et le calendrier. Il vous faut décider avant de démarrer des modalités de sa conduite et de son évaluation. Deux points méritent d’être discutés à ce stade :
Si par exemple vous avez décidé de co-construire le projet avec les citoyens, comment comptez-vous y parvenir ? En mettant en place des déambulations pour recueillir des questions et des avis des citoyens, en travaillant en atelier avec des méthodes d’intelligence collective, en ponctuant l’avancée du projet par des réunions publiques pour information, mais aussi pour débat au cas où vous rencontrez des questions sensibles (voisinage, expropriations, etc.), en faisant appel à une société de service, un bureau d’études, en menant en amont une sensibilisation-formation auprès des agents administratifs et auprès des techniciens de votre collectivité, en mettant en place une communication idoine… ?
Quelle est la situation à laquelle votre projet veut apporter des améliorations ? C’est le point zéro, à partir duquel vous pourrez mesurer au fil du projet la conduite du projet lui-même, et ses résultats.
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Vous avez décidé du quoi et du comment de votre projet.
Avant de démarrer « dans le dur », ce que tout le monde attend, parce qu’« il va bien falloir y aller ! », prenez le temps de préciser le cahier des charges. C’est à ce stade que commenceront les réunions publiques, les ateliers, les déambulations… le comment que vous avez souhaité.
C’est le temps des échanges et des confrontations, et finalement de l’arbitrage que vous pourrez exercer.
Soit votre équipe municipale est rompue à l’exercice, et la question à trancher se résume au cheminement de concertation – consultation- co construction que vous allez emprunter, avec quelles ressources internes.
Soit vous initiez une démarche collaborative à côté des pratiques habituelles de votre équipe, et la question se posera de votre accompagnement, ce qui est le cœur de métier de Civisae.
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Le projet a été travaillé en amont, c’est le temps du lancement.
Ah, une dernière chose, quels seront les instruments de son évaluation ? Ils dépendront en grande partie des moyens que vous y affecterez (au moins un responsable, sans cela l’évaluation sera la 5e roue du carrosse), et des indicateurs qualitatifs et quantitatifs que vous aurez retenus.
La base, pour votre projet de rocade, c’est d’une part la mesure au temps zéro des niveaux de pollution et des engorgements du centre-ville pour lesquels vous aurez besoin d’instruments de mesure (le bruit, l’air, fréquence de passage des véhicules), ainsi que d’indicateurs quantitatifs (pollution en moyenne, les minima et maxima, à quelles heures), et du niveau d’insatisfaction des citoyens (une enquête qualitative sera sans doute nécessaire).
Vous mettrez également en place des indicateurs de suivi du projet : évaluation de la co construction (apports, obstacles, mobilisation des citoyens, des élus), évolution du budget, du calendrier, des moyens humains prévus…
Enfin, il vous sera nécessaire de mesurer les « externalités » de votre projet (ex. : l’impact sur le commerce du cœur de ville ou de village, les nuisances éventuelles apportées aux riverains de la rocade).
En toute rigueur, il faudrait que vous puissiez mesurer ce qui, indépendamment de la rocade, a pu changer, en bien ou en mal la situation des citoyens [par exemple plus de véhicules électriques sera une cause de baisse de la pollution sonore].
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Quels indicateurs quantitatifs de suivi et d’évaluation ?
Les indicateurs que vous choisirez de suivre devront être faciles à calculer, à partir de relevés rapides à établir (ex : recenser le niveau de satisfaction de la population en cinq modalités, de 1 à 5, selon l’âge… ?), et surtout pas chronophages, et utiles, sinon on finit par ne plus les suivre.
Assurez-vous qu’ils seront compris par les parties prenantes, sinon le suivi sera virtuel.
Dans les indicateurs, retenez pour commencer des indicateurs de concentration, par exemple la moyenne (en moyenne sur un mois, par jour, ou tous les lundis… quelle est la fréquentation du nombre de véhicule en centre-ville), ainsi que des indicateurs de dispersion (ex : les minima et maxima ( ex : nombre de véhicules dans les heures de fréquentation basse, dans les heures de fréquentation haute), nombre de véhicules selon l’heure dans la journée).
Enfin faites simple, et choisissez des indicateurs dont le calcul et la diffusion pourront être reproduits à intervalles réguliers, sans être trop rapprochées pour que les mesures soient significatives [ex. : une mesure annuelle du budget peut suffire], et à l’issue de la réalisation de la rocade.
Bonne route !